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La théologie de la libération

Entrevue du 14 mars 2013 dans le journal Le Monde avec Michael Lowy, sociologue et bon connaisseur de l'Amérique latine, qui analyse les relations du pape François à la théologie de la libération. Extrait:

On reconnaît au pape François un engagement marqué auprès des pauvres et en faveur d'un rôle social de l'Eglise. En quoi ses conceptions sociales divergent-elles toutefois de la théologie de la libération ?

La position de Jorge Mario Bergoglio est celle, traditionnelle, de l'Eglise : les pauvres sont considérés comme un objet d'attention, de compassion et de charité. La conception catholique traditionnelle du pauvre se traduit en actes de charité, par l'assistance sociale et par des aides diverses aux plus démunis. Cela peut aller jusqu'à une critique des conditions économiques qui sont responsables de la pauvreté. On retrouve de telles critiques chez Jean Paul II et aussi chez le cardinal Bergoglio.

Pour la théologie de la libération, les pauvres doivent être les sujets de leur propre libération, les acteurs de leur propre histoire. La différence est évidente avec la conception traditionnelle de l'Eglise. Pour la théologie de la libération, il s'agit de participer, à travers les communautés de base et à travers des pastorales populaires (pastorale de la terre, pastorale ouvrière...) aux luttes et à l'auto-organisation des pauvres (ouvriers, chômeurs, paysans sans terre, indigènes...) pour leur libération. L'émancipation des pauvres implique un changement radical de société. La théologie de la libération implique donc aussi la dénonciation des violations des droits de l'homme et des dictatures militaires, pouvant aller jusqu'au soutien et à l'aide à ceux qui les combattent, comme cela a été notamment le cas en Amérique latine au cours des années 1970 et 1980.

Source: Le pape François a une conception traditionnelle du pauvre

La théologie de la libération est née sur le continent latino-américain. L'expression est prononcée pour la première fois par le péruvien Gustavo Guttierez durant le CELAM (Conseil épiscopal latino-américain) qui se réunit à Medellin en Colombie en août 1968. Cette Conférence de Medellin réunit les évêques d'Amérique latine pour appliquer les conseils de Vatican II selon lequel l'Eglise doit "s'ouvrir au monde" et renforcer son engagement envers les pauvres. Interpellés par Helder Camara, les évêques dans leur majorité entrent dans les perspectives de la théologie de la libération.

Le concept de théologie de la libération sera développé par Gustavo Guttierez dans "Théologie de la Libération" paru en 1972, de même que par des théologiens comme les brésiliens Frei Betto, Leonardo Boff, ou Hugo Assman, entre autres. Certains prêtres rejoignent les violences des guérillas communistes comme Camillo Torres Restrepo, qui mourut au combat en 1966 au sein de l’Armée de libération nationale qui s’opposait à l’armée gouvernementale. Des assassinats de militants chrétiens, de religieux, de religieuses, de prêtres qui s'engagent politiquement ont lieu, tel celui de l'archevêque de San Salvador, Oscar Romero (mort en 1980) ou l’abbé Jarlan (mort en 1984).

Des « communautés de base » sont crées dans tout le continent, véritable alternative aux paroisses traditionnelles. Un processus de dissolution de l'Église au sein des mouvements politiques d'obédience marxiste se met en place. Au niveau du Vatican, une hostilité farouche envers la théologie de la libération s'est déclarée dès l'élection de Jean-Paul II, en 1978.

La risposte de Rome aux errements de la théologie de la libération commence en 1979 quand Lopez Trujillo (Colombie) devint président du CELAM, puis avec Castrillon Hoyos (Colombie) qui lui succéda en 1983. Les responsables du CELAM se déchainent alors contre les théologiens de la libération, contre les évêques, contre les religieux et les religieuses de la CLAR (Confédération latino-américaine des religieux) qui compte 105 000 religieuses et 43 000 religieux. La convergence des amis de Lopez Trujillo avec le cardinal Baggio, proche de l’Opus Dei, qui a été pendant 11 ans, «patron» de la Congrégation des évêques, permet de contrôler et d’orienter la nomination des évêques.

Près de vingt ans plus tard en 1996, Jean-Paul II affirmera que la théologie de la libération est morte avec la Guerre Froide.

La Congrégation pour la doctrine de la foi s'est prononcée à deux reprises sur la théologie de la libération. La première instruction, le 6 août 1984, met en garde contre les déviations dues à l'introduction d'éléments du marxisme et critique les lectures rationalisantes de la Bible qui réduisent l'histoire du Christ à celle d'un libérateur social et politique. La seconde instruction, le 22 mars 1986 est plus favorable mais montre que le clergé peut répondre aux maux de l’Amérique du Sud à travers la doctrine sociale de l’Église.

Au bout du compte, la théologie de la libération aura vidé les églises au profit des groupes pentecôtistes évangéliques. Dans "Le sel de la terre", le cardinal Ratzinger explique pourquoi :

« Cette théologie n’a pas réussi à gagner la classe sociale qui l’intéressait le plus, c'est-à-dire, les pauvres. Justement les pauvres ont fui cette théologie, parce qu’ils ne sentirent pas attirés par des promesses intellectuelles qui ne leur donnaient rien, tandis qu’au contraire, ils ressentaient un manque de chaleur et de réconfort propres à la religion. C’est pour cela qu’ils se sont tant réfugiés dans les sectes. En toute logique, les sympathisants de la théorie de la libération le nient. Mais il y a une grande part de vrai dans cela. Pour les plus pauvres, précisément, ce panorama d’un monde meilleur, qu’ils leur promettaient, restait trop loin, de sorte qu’ils se sont plus intéressés à une religion bien présente capable de s’introduire dans leur vie. Et dans ce domaine se sont présentées un grand nombre de sectes offrant ces éléments qu’ils ne trouvaient pas dans une communauté religieuse qui s’était politisée ».

Aujourd'hui les théologiens ont vieilli et ne sont pas renouvelés. Le temps n'est plus à la lutte. La participation de prêtres sandinistes au mouvement marxiste du Nicaragua, condamnée énergiquement par Jean-Paul II a aussi porté du tort à cette théologie. Le discours visant à faire des pauvres les "sujets de leur propre destinée" a un relent marxiste qui n'est plus accepté aujourd'hui.

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