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Peuple déicide

En deux mille ans d'histoire, l'Église catholique a été attaquée de très nombreuses fois et sur tous les fronts (théologiques, moraux, philosophiques, politiques, militaires même à l'époque des États pontificaux). Toute sorte d'adversaires ont voulu la détruire. Dans le vaste arsenal de l'antichristianisme, figure l'accusation selon laquelle les catholiques seraient des antisémites, qui considèreraient les juifs comme « peuple déicide ». Selon cette thèse, la responsabilité de la crucifixion de Jésus Christ reposerait sur le peuple juif qui serait donc meurtrier de Dieu (déicide). Or cette thèse du « peuple déicide » n'est pas catholique.

En réalité, l’expression « peuple déicide » ne figure dans aucun document du Magistère de l'Église catholique. Si l'on remonte aux Pères de l’Eglise, on ne trouve pas non plus cette expression. Selon Yves Daoudal, le mot grec “theoktonoi” (qu'on traduit par “qui fait mourir Dieu”) ne figurerait que 17 fois dans toute la théologie patristique qui désigne les œuvres des Pères de l'Église, selon la tradition ecclésiastique. Dans les premiers siècles, certains auteurs reviennent sur le fait que les Juifs ont rompu l'ancienne Alliance en ne reconnaissant pas Jésus comme étant le Messie. Mais la notion de « peuple déicide » ne figure pas.

Après les Pères de l'Église, la référence principale du Magistère est le concile de Trente (1545-1563). Par réaction au développement du protestantisme qui sapait l'action de l'Église, le Saint-Siège engagea un mouvement de contre-réforme. Le nouvel ordre des Jésuites joua un rôle important dans ce mouvement. Pour empêcher les erreurs théologiques luthériennes de confondre la foi des chrétiens, un catéchisme de l'Église catholique fut crée. Or le catéchisme du concile de Trente ne porte aucune accusation de « déicide » à l'encontre des Juifs. Tout pécheur participe mystiquement au déicide, puisque le Christ s’est sacrifié pour racheter nos péchés.

Selon le catéchisme du concile de Trente, c'est bien toute l'humanité qui porte la responsabilité de la crucifixion du Christ : « Or, si l'on veut chercher le motif qui porta le Fils de Dieu à subir une si douloureuse Passion, on trouvera que ce furent, outre la faute héréditaire de nos premiers parents, les péchés et les crimes que les hommes ont commis depuis le commencement du monde jusqu'à ce jour, ceux qu'ils commettront encore jusqu'à la consommation des siècles [...] ». On ne trouve donc pas d'accusation contre les Juifs.

Bien au contraire, dans le paragraphe 503 du catéchisme du concile de Trente, on peut lire : « Et il faut le reconnaître, notre crime à nous dans ce cas est plus grand que celui des Juifs. Car eux, au témoignage de l'Apôtre, s'ils avaient connu le Roi de gloire, ils ne L'auraient jamais crucifié. Nous, au contraire, nous faisons profession de Le connaître. Et lorsque nous Le renions par nos actes, nous portons en quelque sorte sur Lui nos mains déicides. » En quelque sorte, les Juifs sont exonérés de l'accusation d'avoir tué Dieu. Voilà qui a le mérite d'une totale clarté.

Théologiquement, l'humanité dans son ensemble est coupable. Nous sommes tous déicides. Certes historiquement, ce sont bien les autorités juives qui ont livré Jésus au pouvoir romain. Mais outre les apôtres, une grande partie du peuple était avec Jésus, c'est pourquoi Il avait été accueilli avec tant d'espoir lors de son entrée à Jérusalem la semaine précédente. On voit tout au long des Évangiles que Jésus est bien accueilli partout où Il passe, sauf par les pharisiens qui s'inquiètent de son influence. Et encore même au sein du Sanhédrin, un homme important comme Nicodème est du côté de Jésus.

Au niveau liturgique, les phrases antijuives resteront toujours rares dans l’histoire de l’Église. À partir du VIIe siècle, on trouve la prière Oremus et pro perfidis Judaeis prononcé à la messe du Vendredi saint. Elle signifie « Prions aussi pour les Juifs incroyants », du latin perfidia qui signifie “infidélité”, “manque de foi” ou “incrédulité”. Pourtant lorsqu'au XX° siècle le missel est traduit en français, la prière sera traduite par « Prions aussi pour les Juifs perfides » ce qui est une traduction erronée. Les Anglophones n'eurent pas ce problème et bénéficièrent d'une traduction correcte (« Prions aussi pour les Juifs sans foi »).

Le concile Vatincan II reprend ce que le concile de Trente avait dit sur la question. La déclaration Nostra Ætate (1965) indique : « Encore que des autorités juives, avec leurs partisans, aient poussé à la mort du Christ), ce qui a été commis durant sa Passion ne peut être imputé ni indistinctement à tous les Juifs vivant alors, ni aux Juifs de notre temps. S'il est vrai que l'Église est le nouveau peuple de Dieu, les Juifs ne doivent pas, pour autant, être présentés comme réprouvés par Dieu ni maudits, comme si cela découlait de la Sainte Écriture ». Voilà qui est clair, une fois de plus.

En mars 2011, on a pu découvrir dans la presse des extraits du second tome du livre « Jésus de Nazareth » écrit par le pape Benoît XVI. Benoît XVI y réaffirme la position de l'Église catholique, selon laquelle ce n’est pas « le peuple » juif dans son ensemble qui est responsable de la mort du Christ, mais simplement les autorités du Sanhédrin qui l'ont livré au pouvoir romain. Il ne s'agit nullement d'une « nouvelle interprétation » du Magistère, mais de la conception traditionnelle qui a toujours prévalu dans l'Église et qui distingue l'ordre mystique (chacun de nous participe au déicide) et l'ordre historique (l'oligarchie juive a livré Jésus à Pilate).

On peut se demander pour finir qui a inventé toute cette histoire de « peuple déicide ». Commençons par souligner que tous les ennemis de l'Église ont repris cette fable. Mais il paraît assez probable qu'à l'origine, ce soient les Juifs talmudiques qui aient voulu accuser mensongèrement l'Église en la faisant passer pour antisémite. En décrivant l'Église comme ennemie des Juifs, les adeptes du Talmud (qui sont des écrits violemment antichrétiens) aient voulu protéger leur propre influence sur la communauté juive. Alors que précisément pour les catholiques, la question de la conversion des Juifs au christianisme est fondamentale.

Pour nos lecteurs qui veulent mieux comprendre ces questions, nous vous invitons à lire notre article sur l'antijudaisme théologique de l'Église catholique. Sur le même thème, lire l'article sur l'antisionisme.

Page mise en ligne le 6 mars 2011

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