Commençons par définir hérésie. Selon le Canon 1324 - 1325 du Code de Droit canonique, « L'hérésie consiste dans un refus obstiné des vérités qui ont été définies et proposées par l'Église comme doctrines divinement révélées ». En particulier le canon 1325 indique dans son second paragraphe que « Toute personne qui après avoir reçu le baptême et tout en conservant le nom de chrétien, nie opiniâtrement quelqu’une des vérités de la foi divine et catholique qui doivent être crues, ou en doute, est hérétique; si elle s’éloigne totalement de la foi chrétienne, elle est apostat; si enfin elle refuse de se soumettre au Souverain Pontife et de rester en communion avec les membres de Église qui lui sont soumis, elle est schismatique ».
Les définitions de l'hérétique, de l'apostat et du schismatique concernent les chrétiens. On peut par ailleurs définir l'infidèle, qui lui n'est justement pas chrétien. Selon le catéchisme de saint Pie X, « Les infidèles sont ceux qui ne sont pas baptisés et qui ne croient pas en Jésus-Christ ; soit qu’ils croient à de fausses divinités et les adorent, comme les idolâtres ; soit que tout en admettant le seul vrai Dieu ils ne croient pas au Christ Messie, venu en la personne de Jésus-Christ ou encore à venir : tels sont les mahométans et autres semblables ».
En ces temps de relativisme généralisé, on peut s'interroger sur comment agir lorsqu'un proche, ami ou familier professe une hérésie. Faut-il « tolérer » (selon le terme à la mode) les opinions hérétiques ? Il semble que non, si l'on s'en tient à l'encyclique Notre charge apostolique de Saint Pie X, le 25 août 1907, qui dit la chose suivante : « Or la doctrine catholique nous enseigne que le premier devoir de la charité n’est pas dans la tolérance des convictions erronées, quelques sincères qu’elles soient, ni dans l’indifférence théorique ou pratique pour l’erreur ou le vice où nous voyons plongés nos frères, mais dans le zèle pour leur amélioration intellectuelle et morale non moins que pour leur bien-être matériel. »
Tolérer les convictions erronées, même sincères, ne relève pas de la charité. Plutôt que tolérer n'importe quoi, nous devrions chercher à oeuvrer pour l'amélioration intellectuelle et morale de notre prochain, ne pas le laisser dans l'erreur ni l'indifférence. Ce qu'on retrouve dans la suite de l'encyclique de saint Pie X : « Cette même doctrine catholique nous enseigne aussi que la source de l'amour du prochain se trouve dans l’amour de Dieu... Tout autre amour est illusion ou sentiment stérile et passager... il faut l'union des esprits dans la vérité, l'union des volontés dans la morale, l'union des coeurs dans l'amour de Dieu et de son Fils, Jésus-Christ. Or, cette union n'est réalisable que par la charité catholique. »
C'est un acte de charité fraternel que de dire à quelqu'un qu'il se trompe de voie quand celui ci professe des hérésies contraires à l'enseignement de Notre Seigneur Jésus Christ. Se taire n'est pas charitable quand on sait sciemment que l'autre se trompe. Le Seigneur pourrait nous demander « Qu'as-tu fais pour que ton frère revienne à moi ? » Il faut savoir dire avec charité, humilité et douceur quand quelqu'un se trompe, mais surtout rester ferme sur ses positions. Celui qui a l'habitude de lire la Bible sait que l'amour du prochain se trouve dans l’amour de Dieu, donc de la vérité.
Lors de la clôture de l’année sacerdotale 2010, l’homélie de Benoît XVI devant plus de 15 000 prêtres du monde entier réunis place Saint-Pierre évoque la question de l'attitude du chrétien devant l'hérésie. Le pape a notamment dit « Aujourd'hui, nous voyons qu'il ne s'agit pas d'amour, quand on tolére des comportements indignes de la vie sacerdotale. De même qu'il ne s'agit pas d'amour, quand on laisse proliférer l'hérésie, la distorsion et la désintégration de la foi, comme si nous-mêmes, de façon autonome, l'avions inventée. Comme si ce n'était plus un don de Dieu, la perle précieuse que nous ne nous laisserons pas arracher ».
Méditant sur le psaume 23 qui commence par « L'Éternel est mon berger: je ne manquerai de rien », le pape expliqua la phrase « Ta houlette et ton bâton me rassurent ». Selon lui, « Le berger a besoin du bâton contre les bêtes féroces qui veulent déferler sur le troupeau; contre les brigands qui cherchent leur butin. A côté du bâton, il y a la houlette qui apporte son soutien et aide à traverser les passages difficiles. Les deux choses relèvent également du ministère de l'Église, du ministère du prêtre. Dans le même temps, cependant, le bâton doit toujours redevenir la houlette du berger - la houlette qui aide les hommes à marcher sur les sentiers difficiles pour suivre du Seigneur. »
Comme le dit le pape, l'usage du bâton peut être aussi un service d'amour. Aussi incroyable que cela paraisse ! C'est le cas lorsqu'on combat les opinions marquées par l'hérésie. En revanche la tolérance aveugle n'a rien à voir avec l'amour : c'est plutôt de l'indifférence. Beaucoup de gens semblent confondre les deux, par les temps qui courent.
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